Notre-Dame de fidélité,  femme couronnée d’étoiles

Article paru dans la revue des Œuvres du Sacré Coeur de Paray-le-Monial


L’engagement à vie fait peur aujourd’hui. Le nombre de mariages baisse. Les expériences matrimoniales « à temps limité» se multiplient. Les familles se décomposent au gré du vent des sentiments ou des nouvelles trouvailles amoureuses... Telle, un bateau à la dérive, la vie de l’homme contemporain s’égare dans les méandres d’un relativisme à visage de progrès ou d’une certaine science... « Le peuple c’est la loi...» dit-on. Au plus haut sommet de l’état on ne sait plus où est le bien et le mal...Incroyable !

Que le Dieu fidèle semble loin de cette Europe tombée dans l’apostasie de ses racines judéo-chrétiennes ! Du moins à vue d’homme ! Car vu du ciel aux milles étoiles du Créateur, la fidélité du Seigneur ne se dément point. Aux jours de César Auguste, Nazareth, village perdu de Galilée, est ignoré de l’Empire autant que des Saintes Écritures. Dieu, lui, n’en ignore rien. Juste et fidèle, le Seigneur s’émerveille de Marie, le plus beau fruit de sa création, celui aussi de la longue fidélité de son peuple, son élu. Voici la jeune fille au cœur pur et disponible. Son oui fidèle bouleverse l’histoire du monde. À toute époque Dieu veille sur ses fidèles. Il prépare des printemps pleins de promesse. Dieu, venu par Marie, vient toujours par elle pour former les apôtres des temps nouveaux.

Marie de Nazareth ton nom signifie amertume. Ta fidélité fait écho à la fidélité du Dieu d’Israël pour le salut de ce monde toujours en dérive. Oh, Marie, viens nous apprendre la fidélité qui sauve. Viens aider tes enfants à se relever des amertumes de leurs infidélités.


La foi de Marie, sommet de la foi d’Abraham

Yahvé dit à Abram: "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom; sois une bénédiction ! Abram partit, comme lui avait dit Yahvé... (Gn 12, 1-4)

Deux mille ans avant Jésus, Abraham s’exile. Berger ignoré des civilisations de Sumer et d’Egypte, son aventure est gardée amoureusement, de générations en générations, au cœur des tout-petits de ces rudes terres d’Ur en Chaldée à celles du Nil. Nulle tribu d’Israël n’oublie le patriarche de la naissance du peuple. Le soir, au coin du feu, on raconte. Les pères ont trimé sous des esclavages religieux ou politiques. Voici le Dieu Unique, Dieu de leur illustre ancêtre dans la foi. Il promet le bonheur sur une terre de lait et de miel. Fidélité et infidélités du peuple. Inlassable miséricorde de Dieu pour relever les siens des idolâtries et prostitutions. Fidélité divine conduisant Israël à une fidélité christique. On ne peut oublier les tendresses de Dieu au désert, les combats non gagnés par la supériorité des armes, ni la fidélité de Dieu qui, au retour d’Exil, redonne tout. Cependant la terre, le temple, le roi et les plus belles institutions religieuses ne sont rien sans l’engagement du cœur. Pour guérir inconstants et nuques raides Dieu a des trésors en réserve. Seul un être pur et entièrement fidèle peut les recevoir. Marie de Nazareth, cœur au sommet de la foi d’Abraham et de la fidélité du peuple forgé au creuset de l’histoire, Notre-Dame de fidélité, aurore du salut. « Dans le silence des siècles éternels », humble et cachée, la Vierge s’offre sans réserve à la fidélité de Dieu. Pleine réalisation de la Promesse.


Servante du Seigneur, miroir de la fidélité de Dieu

Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville du nom de Nazareth, à une vierge fiancée... : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. ... Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus... Marie dit alors: « Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole! » (Luc 1, 26-38).

En Marie resplendit la plénitude de grâce, pur don de la fidélité de Dieu, consécration de la fidélité d’Israël. Nulle trace d’un quelconque attachement à soi, d’un quelconque regard sur soi, d’une quelconque prétention dominatrice défiant Dieu. Le cœur de Marie est aussi limpide que l’eau claire des lacs de montagne. La lumière pénètre jusqu’au tréfonds de la terre. A l’élan divin invaincu par les infidélités du peuple répond l’élan de Marie. Elle adhère en plénitude: « Je suis la servante du Seigneur ». Tout le cœur de Marie est rendu à son Seigneur. Sa seule volonté à Lui dans un oui qui en épouse déjà les moindres contours, quel qu’en soit le prix. « L’Esprit Saint viendra sur toi. » Elle obéira aux motions de l’Esprit divin. La voici partir en hâte accueillir les prémisses de la promesse réalisées au sein d’Elisabeth. La voici chercher l’enfant au Temple pour être aux affaires du Père, éduquer l’enfant dans l’Esprit et avec Joseph,  puis être à ses côtés aux noces de Cana dans le commencement des noces éternelles où le vin ne manquera plus... Fidélité de la foi de Marie, traversant les angoisses d’une jeune maman comme les joies du quotidien caché de Nazareth, préparations surprenantes à la mission publique du Fils... Fidélité toujours puisque le Seigneur a promis et ne peut se reprendre. « Il sera appelé Fils du Très Haut. »


Femme au pied de la Croix, visage de la fidélité accomplie

Or près de la Croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : "Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne (Jn 19, 25-27).

Voici l’heure, celle de Jésus, celle de Marie. Le Fils est seul à sauver le monde. Il ne fait rien cependant sans elle. Fidélité du Fils exprimé en sa prière ultime : Père ... je t'ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l'œuvre que tu m'as donné de faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que fût le monde (Jn 19, 25-27). Le cœur de la Mère est à l’unisson. « D’un commun accord ils offrent leur commun fils » dit Bossuet, parlant de Marie au pied de la croix et de Dieu le Père. À cette heure les paroles de l’Ange Gabriel résonnent étrangement au cœur de Marie. C’est de foi, dans la nuit la plus sombre de l’intelligence et des sens. Car la crucifixion du « plus beau des enfants des hommes » (Psaume 44) proclame ici le contraire de toute gloire. « C’est dans la nuit qu’il est beau de croire » (Padre Pio). Martyr du cœur pour la femme qui, à la croix plus qu’à l’Annonciation, porte son Sauveur par la foi. Femme pour le salut du monde, plus que jamais, en consentant au martyr de son Fils en une fidélité confiante jusqu’à l’extrême. Et le Fils de se confier à elle, une ultime fois, lui dévoilant l’étendue de sa mission de Mère : « Voici ton fils ». Femme, médiatrice de la vie, Nouvelle Ève, la Vierge immaculée l’est désormais pour toute l’Église de tous les temps. « Le disciple la prit pour sienne ». 

Marie, Vierge fidèle devenue Église

Sur terre et au ciel, Marie demeure désormais au Cénacle avec toute l’Église. En prière assidûment avec les apôtres, pour eux et pour le salut du monde. 

Son Assomption, expression ultime de la fidélité divine à son égard, la rend si proche de tous. En son corps et en son âme glorifiés, Marie, la fidèle, nous visite et nous soutient inlassablement pour qu’un jour nous lui soyons semblables en son Fils Jésus.

Oh, Marie, Notre-Dame de fidélité, rends-nous comme toi, fidèles à l’Esprit. 

Obtiens-nous la fidélité qui mène à la Gloire du Ciel.

 

Père Jean-Dominique DUBOIS, ofm

© Fr. Jean-Dominique 2017