Humble beauté du Christ

Homélie pour le 1° Dimanche de Carême. 

Célébration de l’appel décisif des catéchumènes du diocèse de Gap et Embrun

Sanctuaire Notre-Dame du Laus. 1° Mars 2020 - Frère Jean-Dominique Dubois, ofm


Comme Il est beau le Christ Jésus. Comme Il est d’une beauté splendide en son humilité. Frères et sœurs, ne nous arrêtons jamais, ô grand jamais, de contempler le Christ en la beauté divine qu’Il manifeste en toute sa personne, dans le moindre de ses regards et de ses gestes. Chaque page de l’Évangile peint sous nos yeux le seul visage adorable qui manifeste au monde la beauté de l’homme. Pilate en sera bouleversé et comme arrêté en sa puissance de gouverneur romain. Il dira : « Voici l’homme » alors même qu’il jouera une mise en scène humiliante pour Jésus, paradoxalement afin de l’arracher à ses contradicteurs. Pilate a saisi quelque chose de la beauté humble de Jésus mais n’a pas voulu ou pu la contempler en toute sa puissance d’humilité pour se laisser vaincre et convaincre de la parfaite innocence du divin condamné par la foule.

La beauté sauvera le monde dit le célèbre Dostoïevski. En ces temps troublés de l’Église et de la société nos cœurs vacillent pouvant être tentés de choisir la fuite dans le désespoir avec le rejet de l’Épouse immaculée en ses fondements, l’Église, quel que soit le péché de certains de ses membres.

Où est la beauté du Christ sinon dans son humilité. Il n’y a point de beauté qui soit vraie sans humilité. La plus jolie fille si elle est imbue d’elle-même ne peut que conduire au désastre de la séduction. Le plus grand artiste s’il écrase de sa virtuosité les élèves de son cours n’est qu’un petit potentat dont l’art peut finir par ressembler à un fusil. Au nom de la justice on a créé des goulags et des camps d’extermination. Il y avait pourtant à la racine de ces courants politiques des idéologies prétendant servir l’homme et son bonheur, mais sans aucune humilité. Quelle grâce de rencontrer des hommes ou des femmes qui ont atteint une excellence dans l’art qui est le leur mais qui force l’admiration, non par leur réussite, seulement par la beauté suprême de leur humilité. Il y avait autant d’humilité de la part d’un saint Jean-Paul II à demeurer sur le siège de Pierre jusqu’au bout malgré la déchéance physique progressive que dans celle du très grand Benoît XVI de s’en retirer de sa seule autorité pour s’effacer dans la solitude d’un monastère et demeurer au pied de la croix.

Aujourd’hui, frères et sœurs, nous contemplons l’humilité de Jésus qui, poussé par l’Esprit, fut conduit au désert pour y être tenté par le diable. Voilà le sublime orgueil de Lucifer, le porteur de lumière, qui affronte l’incomparable humilité de la Lumière en personne. 

Le démon qui ne sait pas tout du cœur d’un homme, qui est prince du mensonge et homicide dès les origines, va jouer de toutes les lumières de son intelligence pour suggérer à Jésus de se dévoiler complétement comme Fils de Dieu en se servant de sa divine lumière, la Torah, pour manifester son identité.

Ordonne… Jette-toi…. Prosterne-toi…. Trois injonctions démoniaques pour contraindre Jésus à se fabriquer un personnage de messie. Prends les biens qui sont les tiens pour te faire dieu… C’est toujours, toujours, ce que n’importe quelle tentation nous suggère. C’est de commander, d’ordonner, de décider seul de faire le bien sous couvert de lumière, sous prétexte du plus grand bien. Le démon est le singe de Dieu. Il veut le bien, mais par lui-même… Le Satan c’est l’orgueil en personne sous couvert de lumière.

L’homme vit de toute parole du Très Haut…. Ne mets pas Dieu à l’épreuve… Dieu seul tu adoreras… Jésus répond par une indescriptible humilité qui traduit un cœur filial, amoureusement dépendant de son Père. Jamais Jésus ne prendra quoique ce soit de sa communion divine, de ce qui est à son Père pour se glorifier et entraîner à sa suite les foules de Judée et de Galilée. L’amour ne prend jamais. L’amour reçoit et se reçoit toujours.

L’avoir, le pouvoir et le savoir qui sont constitutifs de nos vies d’hommes pour accomplir nos tâches et nos engagements ne créeront jamais des goulags, pas mêmes ceux de l’amour et du meilleur bien spirituel, si nos cœurs tendent à être aussi humbles que celui du Christ. Il y a des paradis sociaux ou des prétendus paradis humanitaires qui peuvent être des prisons pires que celles de nos villes. La raison en est simple. Aucune obéissance filiale vis-à-vis du Créateur ne les anime. Aucune humilité ne se trouve dans les rapports humains qui les constituent. L’orgueil de l’intelligence ou l’orgueil spirituel les a dévoyés.

Jésus est venu nous révéler l’humilité de Dieu, l’humilité qu’est Dieu. Il est venu vaincre à la racine de nos âmes les dégâts de la désobéissance originelle qui sous les traits mensongers du Satan nous ont tous entraînés dans les ténèbres des faux paradis en tout genre. Nous  ne sommes sauvés que par l’humilité de Jésus.

Frères et sœurs, et particulièrement vous, chers catéchumènes, nous entrons tous aujourd’hui dans le combat de Dieu en Jésus Christ, le combat de l’humilité.

Chers catéchumènes vous vivrez dans les prochains dimanches les scrutins. Ces admirables prières de Jésus à travers son Église et ses ministres vous seront offertes pour scruter vos reins et vos cœurs que Dieu seul connaît, pour y débusquer les pièges de l’adversaire du genre humain. N’ayez pas peur de vous laisser faire. L’humilité de Jésus a déjà vaincu en vous ce qui est si loin de son humilité. Le même main qui blesse c’est la même main qui guérit. 

Nous aussi, frères et sœurs bien-aimés, avec nos frères et sœurs chrétiens-catéchumènes il nous faut nous laisser scruter par l’Esprit d’humilité de Jésus en ce saint carême pour être avec Lui les victorieux de Pâque. Tous ensemble fixons nos regards inlassablement sur la beauté sublime du visage du Christ qui nous révèle en son humilité la plénitude de la vérité de l’homme.

 

© Fr. Jean-Dominique 2017