Le sacerdoce des prêtres d'après Vatican II

Conférence de carême - Collégiale Saint-Pierre, Avignon - 6 Mars 2010

Frère Jean-Dominique DUBOIS, ofm

Introduction

   A l'époque de la montre à quartz, c'est-à-dire de l'instant privilégié sur la durée, à l'époque du TGV et du NGV (navire à grande vitesse), du supersonique et des autoroutes électroniques de l'information qui font de la planète un grand village, l'Eglise ne cesse de vivre à un rythme qui étonne voire qui détonne, sans qu'elle néglige pour autant les rythmes du monde moderne. Le rythme de l'Eglise est celui du temps de Dieu, ce temps qui se donne à vivre dans tous les temps des hommes et dans tous les rythmes humains, mais qui ressemble plus au rythme lent des saisons et des semailles appelant la patience des récoltes.

   L'Eglise est porteuse d'un trésor unique et immense dont la richesse ne s'est laissé découvrir qu'au rythme de l'histoire des hommes en des époques successives fort diverses et fort contrastées. L'Eglise ne parle de son trésor que dans le temps et avec le temps, non pour céder à la mode du temps, et surtout pas aux scoops médiatiques, mais pour donner à ce temps le meilleur d'elle-même de la meilleure façon.

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   Lorsque l'Eglise parle du prêtre elle n'en dit jamais que la même chose depuis des centaines d'années, même si elle le dit avec des accents particuliers ou des couleurs différentes pour mieux le comprendre ou se faire comprendre. Le prêtre, elle ne l'a pas inventé, elle l'a reçu de son Seigneur le soir du Jeudi Saint en même temps que l'Eucharistie. Avec le temps qui passe l'Eglise puise sans cesse à la source de la Révélation de Jésus Christ et de la Tradition pour comprendre qui est le prêtre et en bien vivre.

   Aussi permettez-moi de vous parler du prêtre selon Vatican II en faisant d'abord avec vous un peu d'histoire récente. Que les historiens me pardonnent ces grandes enjambées dans le temps. Mais, dans et avec la foi qui est nôtre en Eglise, je voudrais essayer de dégager les grandes lignes d'une histoire qui est celle de Dieu autant que celle des hommes. Nous risquons de mieux comprendre la grandeur du prêtre tel que nous l'offre l'enseignement du dernier Concile œcuménique.

 

1 / De Vatican I à Vatican II : le défi de la foi dans un monde qui s'émancipe au nom de la raison

   Le concile Vatican II (1965-1968) est la suite d'un concile inachevé, celui de Vatican I (1869-1870). Lorsque le Pape Pie IX convoque un concile, le 19 ° siècle touche à sa fin. Ce fut un siècle marqué par des bouleversements très grands, traversés de luttes importantes entre différents courants de pensée et de pouvoir. L'Eglise hiérarchique ne s'est pas réunie en Concile œcuménique depuis trois siècles à l'occasion du fameux Concile de Trente (1545-1543). Au 19° siècle la revendication d'une pleine autonomie de la raison humaine par rapport à toute révélation religieuse arrive à son apogée. Elle vient contester fortement l'Eglise dans son enseignement. C'est la crise moderniste. Les nouvelles philosophies, s'émancipant de la révélation chrétienne, ne sont pas sans produire des fruits immenses par le progrès des sciences et des techniques. Elles provoquent une véritable révolution industrielle. Néanmoins elles s'attaquent immanquablement au fondement de la révélation divine et à l'autorité spirituelle qui en avait la charge à travers le ministère de l'évêque de Rome, de tous les évêques et des prêtres leurs collaborateurs.

    La question de la Révélation, de son statut et de sa nature, taraude le cœur du Pape Pie IX lorsqu'il convoque un Concile. Cette assemblée  sera interrompue dans ses travaux en raison de la déclaration de guerre de 1870. En ce temps-là les évêques sont essentiellement européens. Ils se doivent de retourner dans leur diocèse. Vatican I aura juste eu le temps de proclamer de façon solennelle l'Infaillibilité du Pontife suprême qu'est le Pape, évêque de Rome. Il énoncera aussi toute une série de condamnations des erreurs modernes relatives au rapport de la foi et de la raison.

   Toutefois il ne suffit pas d'affirmer le pouvoir du chef et le bien fondé de sa pensée pour être entendu et progresser dans la mission qui vous est confiée. L'Eglise en a bien conscience mais ne peut aller plus loin pour l'heure dans sa réflexion. Comme toutes les sociétés de son temps elle est aux prises, sur le terrain, avec les terribles turbulences d'une époque qui vit une profonde crise de civilisation.

Un événement sans précédent dans toute l'histoire de la philosophie eut lieu au 19° siècle. 

On a rationnellement pensé la mort de Dieu. Si Dieu est mort dans la pensée des hommes l'homme est mort…

    Les luttes philosophiques du 19° siècle commencées bien plus tôt dans le siècle des Lumières vont se poursuivre au 20° siècle et provoquées leur cortège de confrontations des idées et des hommes jusque dans des guerres fratricides inimaginables jusqu'alors. Car, comme le souligne si bien le Cardinal Godfried Danneels dans l'un des ses écrits (1), un événement sans précédent dans toute l'histoire de la philosophie eut lieu au 19 ° siècle. On a rationnellement pensé la mort de Dieu. Si Dieu est mort dans la pensée des hommes l'homme est mort… Dostoeiwski, dans son roman L'adolescent, écrit en 1840 que lorsque les hommes n'auront plus Dieu ils se jetteront les uns sur les autres dans la violence ou l'érotisme. Etonnantes "prophéties" de ce qui explosera au 20° siècle. "Dieu est mort, il faudra en inventer un autre…" déclarera Nietzche, un des grands artisans de la mort de Dieu. Ce n'était pas dans la pensée du philosophe une victoire, mais un cri de détresse. Avec la critique systématique de la raison, certes, la foi est épurée, dégagée de toutes tentations d'idolâtrie ou de projections de soi. Mais si on est arrivé à cette critique jusqu'à penser la mort de Dieu, c'est la foi qui est vaine… alors il ne reste plus à l'homme que la tentation du désespoir, de la guerre, ou de toutes les fausses promesses des ténors en tout genre que ce soit des idéologies idéalistes ou matérialistes... "Dieu est mort et on ne s'en est pas encore aperçu…" criera encore le même Nietzche.

    Non Dieu n'est pas mort au 19° siècle, et il ne l'est toujours pas. Dans sa grande tendresse pour les hommes ses créatures, qui veulent si bien se passer de lui par la réussite de toutes leurs sciences, Dieu, dont l'imagination créatrice est débordante, va inventer en plein 19° siècle un nombre incalculable de réussites spirituelles et apostoliques en tout genre. De quoi vous confondre Nietzche, Marx ou Freud… Voici une Thérèse de l'Enfant Jésus vit la nuit de la foi de ses contemporains pour leur dire que Dieu est plus fort dans sa miséricorde que toutes les raisons qu'ils ont inventées pour ne pas croire et qui plongent les hommes dans la nuit de l'absurde. Une Bernadette Soubirous dont l'âme limpide et le bon sens coulent comme l'eau des Pyrénées et qui vous invite à croire avec Marie que la foi en Jésus est un trésor immense, source de guérison pour l'homme blessé dans son espérance autant que dans son corps et dans son âme. On n'en finirait pas de les citer tous, saints connus et moins connus du 19° siècle, ainsi que tous les grands hommes qui vont propager l'Evangile non seulement en Europe mais sur tous les continents… Or les saints ce n'est jamais l'Eglise qui les invente. C'est Dieu qui les donne, ô non pas sans son Eglise, mais c'est lui, Dieu, qui a l'initiative… Dieu a pour cela l'art de déconcerter son Eglise. Elle le sait bien cette Eglise car si d'aventure elle se cabre trop pour commander plus que pour servir, l'Esprit Saint étant doucement persévérant, pour ne pas dire têtu - qu'il me pardonne - finit bien un jour par lui faire entendre raison à  cette Eglise de Jésus Christ.

   Le Seigneur a toujours voulu passer pas ses apôtres pour conduire son peuple et servir les hommes, c'est pourquoi il n'a pas manqué de susciter au 19° siècle des prêtres aux talents bien divers. Il en est un qui se trouve à l'honneur en cette année sacerdotale, saint Jean Marie Vianney. Mais le Curé d'Ars est sans doute le premier de cordée d'une cohorte de prêtres missionnaires en toute catégorie sans lesquels l'Eglise n'aurait pas tenu la route. Parmi eux le Seigneur a donné non seulement des Papes de grandes envergures, qui font l'admiration des historiens et qui surent mener la barque de Pierre avec sagesse et détermination au milieu de grands conflits, autant que des prêtres d'envergures par leurs recherches intellectuelles où leurs engagements apostoliques afin que l'Eglise puisse répondre à sa vocation : annoncer le nom de Jésus Christ aux hommes tels qu'ils sont. Dire Dieu et conduire à Dieu, à l'époque où l'on pense rationnellement sa mort et où l'on recherche sciemment à s'émanciper de lui. Telle est l'audace de tous ses prêtres qui sont le symbole au cœur de l'Eglise de ce que leur temps réfute à savoir la parole du Christ : " En vérité, en vérité, je vous le dis, qui accueille celui que j'aurai envoyé m'accueille; et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé." (Jn 13, 20)

    Ce nom de Jésus, des prêtres l'ont porté jusque dans les tranchées de la grande guerre et les camps de l'holocauste. Ce coude à coude dans le malheur et le tragique de l'histoire a fait tomber bien des a priori ou des barrières idéologiques et fait se rencontrer les hommes qui s'opposaient, qui au nom de la raison, qui au nom de la foi. Toutefois cela ne suffisait pas encore à établir l'Eglise de façon solide et adaptée aux inconcevables bouleversements de l'histoire. Les défis étaient trop grands et les évolutions trop importantes. Les heurts guerriers avaient révélés l'absurde et les martyrs du 20° siècle, les plus nombreux de l'histoire, ouvraient la voie à la réponse de l'Eglise.

   De fait la domination des idéologies des humanismes athées, et puis leur chute laissant un vide abyssal après toutes les destructions opérées dans les têtes et les cœurs, nécessitaient une réponse forte et puissante, profondément ajustée. Celle-ci vint avant même la chute de l'humanisme athée dont le Cardinal de Lubac dira qu'il est un drame. Le Concile Vatican II fut cette réponse : "un coup d'état du Saint Esprit" dira le Cardinal Suenens. Mais un coup d'état longuement préparé et muri au creuset de milliers et de millions de vies offertes pour Jésus dans les siècles passés.

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    L'expérience récente avait montrée que pasteurs et fidèles, prêtres et laïcs devaient être profondément "ensemble" pour vivre l'Eglise et annoncer l'Evangile. L'époque des grands saints devait davantage faire place à celle des communautés saintes, ce qui oblige par conséquence tout chrétien à la sainteté.

    L'Evangile du grain de blé qui meure devait être proclamé par l'Eglise autant que celui de la Lumière sur la montagne.

    La communauté des chrétiens devait être ni en face de ceux qui ne partageaient pas sa foi dans une sorte de concurrence quant aux vérités à croire ou à vivre, ni dans un rapport de force de pouvoirs, mais en dialogue et en conversation avec ses contemporains faisant siennes toutes les joies et les peines des hommes.

   La célébration des louanges du Seigneur Jésus Christ, maître de tout l'Univers et de l'histoire des hommes, devait être renouvelée dans ses formes pour favoriser la participation des chrétiens de toute culture et permettre à tout homme d'entrer dans l'insondable et éternel mystère du Christ son Seigneur, offert et vécu dans les sacrements de l'Eglise.

   A l'heure où le monde trouvait une forme d'unité liée aux révolutions techniques et à l'internationalisation des échanges les divisions de l'Eglise devenaient plus que jamais scandaleuses. L'unité était non seulement un appel, une exigence devenue urgence jaillie du cœur du Christ mort pour rassembler les hommes dispersés, mais le monde lui-même, pour sa propre survie, appelait l'Eglise à donner ce témoignage d'unité : manifester qu'un vivre ensemble est possible dans et par les diversités de chacun du fait que chacun se reçoit du même Seigneur.

    Le Saint Esprit va s'emparer de l'Eglise dans la fidélité à ce que le Christ a toujours voulu d'elle. Si coup d'état il y eut à Vatican II, ce ne fut à la manière d'aucune dictature… On a parlé d'un printemps de l'Eglise. C'est bien là la vérité. La sève de l'Esprit Saint qui couvait dans les cœurs et les esprits de tant d'hommes et de femmes d'Eglise, les souffrances, les engagements des uns et des autres jointes à la prière incessante de toutes les communautés chrétiennes ont explosé en un printemps prometteur. De partout le vieux tronc de l'Eglise se renouvelait et l'Esprit Saint qui avait déjà suscité depuis longtemps autant chez les laïcs que chez les prêtres des initiatives audacieuses et prometteuses allait s'emparer des travaux des évêques du monde entier, réunis sous la houlette du bon Pape Jean XXIII puis de l'humble Pape Paul VI. Pasteurs de l'Eglise venus désormais des cinq continents les évêques vont travailler en communion de cœur et d'esprit pour écrire une des plus belles pièces de la théologie contemporaine. Car si ce Concile s'est voulu essentiellement pastoral, c'est-à-dire dans un renouvellement de sa vie et de son agir en vue de sa mission pour tous les hommes, ce renouvellement va se faire grâce à une fidélité à la grande Tradition de l'Eglise, elle-même rajeunie, approfondie par toutes les études contemporaines en Théologie, en philosophie comme en Bible et en Patrologie.

   J'ose comparer les textes de Vatican II aux plus grandes œuvres musicales de Jean-Sébastien Bach ou de Wolfgang Amadeus Mozart. A l'exemple musical de la Messe en Si ou de la Messe du Couronnement les textes de Vatican II font résonner les harmonies les plus profondes et les plus belles du message de la Tradition chrétienne catholique sur le Christ, l'Eglise et le monde. Peut être faut-il être un peu initié pour entendre cette musique, mais frères et sœurs nous ne perdrons jamais notre temps en nous asseyant à la même table pour écouter ensemble cette symphonie de l'Eglise. Vatican II reste une boussole sûre pour notre mission.


2 / Le prêtre dans l'Eglise et pour Elle au service des hommes

    Dans le mystère de l'Eglise le prêtre apparaît ici très beau, très grand mais jamais isolé, jamais séparé. Toujours en harmonie de couleur et d'action avec les évêques et les fidèles laïcs. D'ailleurs ni l'évêque ni le fidèle laïc dans la symphonie de Vatican II ne sont considérés comme isolés, ou dans une échelle sociale étrangère à la nature de l'Eglise. Car dans l'extraordinaire travail de réflexion des pères conciliaires on a voulu résolument quitter les catégories de pensée qui tendaient à faire que l'Eglise pouvait ressembler aux autres institutions humaines. En pleine première session le Cardinal Montini, futur Paul VI, s'est écrié : "L'Eglise par elle-même n'est rien. Elle n'est pas tant une société fondée par le Christ que le Christ lui-même qui se sert de nous comme de ses instruments pour apporter le Salut à l'humanité entière. » (2)

JDD. Mariage Regis

Frères et sœurs baptisés, vous êtes le Christ qui se donne au monde.

Tout prêtre est le Christ qui se donne au monde.

Tout évêque est le Christ qui se donne au monde.

"Chrétien prends conscience de ta dignité et deviens ce que tu es", enseignaient déjà saint Augustin et saint Léon le Grand.

   Un jeune jociste est interpellé par un camarade qui lui lance à la figure: Jésus, ton Jésus dont tu me parles tout le temps montre le moi. – Regarde moi lui répliqua le jeune jociste. Quelle foi en la grâce de son baptême chez ce jeune homme!

   Tous Baptisés, si nous sommes le Christ qui se donne au monde, nous ne pouvons pas l'être indépendamment les uns des autres puisque le Christ est communion avec le Père et le Saint Esprit. L'Eglise est l'épiphanie, la manifestation visible, de Jésus Christ et donc de la Trinité Sainte. Le Concile citant Saint Cyprien dit : "L'Eglise universelle, apparaît comme un "peuple qui tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint." (L.G 16)

    Le Concile Vatican I avait parlé du ministère de l'évêque de Rome dans l'infaillibilité de son Enseignement au nom de tous et en communion avec tous. Le Concile Vatican II va le redire mais cette fois ci en prenant le temps de parler de tous et de chacun des membres du corps qu'est l'Eglise.

   Pour se faire le Concile parle d'abord et avant tout du mystère de l'Eglise dont nous sommes tous membres, ministre ordonné et fidèles laïcs, par la grâce du baptême. Tous nous sommes participants de l'unique sacerdoce du Christ, le Verbe de Dieu incarné pour nous, mort et ressuscité pour nous. Cet enracinement dans le Christ par la grâce du baptême et de la confirmation qui nous incorpore en Jésus fait de nous tous les membres les uns des autres.  "Un membre souffre-t-il? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur? Tous les membres se réjouissent avec lui." (1 Cor 12,26) (L.G.7)

    La notion clé ici est celle de sacrement. Ce mot dans notre esprit a quelque peu une connotation de chose que l'on se donne ou que l'on peut posséder. Or on ne reçoit pas un sacrement comme on possède un objet quelconque de la terre qu'il soit matériel ou culturel. Le sacrement est au sens propre dans la pensée de Saint Paul le Christ lui-même. Les sacrements sont les gestes du Christ pour son peuple qui est l'Eglise. L'Eglise est sacrement du Christ pour le monde. Parler de sacrement c'est donc parler d'une réalité invisible qui se traduit dans le visible, au même titre que l'amour des époux entre eux, une réalité invisible qui va se traduire dans un engagement et des gestes concrets. On n'entre pas dans l'Eglise comme dans une association culturelle ou sociale si bonne soit elle, on y entre en faisant alliance de cœur et d'âme avec celui qui en est le fondateur, l'époux, le Seigneur et le Maître pour être introduit au cœur de Trinité sainte qui est communion d'amour des Trois adorables dans un échange d'amour incessant en totale pauvreté de soi et chasteté.

   Cette notion de mystère ou de sacrement implique donc que l'Eglise ne peut jamais être identifiée dans sa nature et son fonctionnement à aucune autre institution humaine, même si elle n'échappe pas aux lois de toute communauté humaine. L'Eglise est bien mystérieusement la continuation du mystère de l'Incarnation de Jésus Christ, le Verbe de Dieu fait homme.

"Tout comme en effet la nature prise par le Verbe divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est indissolublement uni, de même le tout social que constitue l'Eglise est au service de l'Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du corps. (cf. Ep 4,16). C'est là l'unique Eglise du Christ, dont nous professons dans le symbole l'unité, la sainteté, la catholicité et l'apostolicité(12), cette Eglise que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18 etc.) et dont il a fait pour toujours la "colonne et le fondement de la vérité" (1Tm 3,15)" (L.G. 8)

    Les évêques, successeurs des  Apôtres, dont le Pape est le premier parmi des pairs, et les prêtres qui sont collaborateurs des évêques sont, avec les diacres, les ministres de l'Eglise. Leur ministère est ordonné au service des baptisés et de tous les hommes afin de les conduire tous à la plénitude de la vie dans le Christ. "Si ce que je suis pour vous m'épouvante, dit saint Augustin ce que je suis avec vous me rassure. Pour vous en effet, je suis l'évêque ; avec vous je suis chrétien. Evêque, c'est le titre d'une charge qu'on assume ; chrétien, c'est le nom de la grâce (qu'on reçoit). Titre périlleux, nom salutaire".

    Le sacerdoce ministériel fait des évêques, et des prêtres leurs collaborateurs, les représentants du Christ tête pour le service du Christ Corps, mais les uns et les autres participent à l'unique sacerdoce du Christ Prophète, Prêtre, Roi, L'Unique Médiateur et Rédempteur entre Dieu et les hommes. Avec le Christ tous ils forment un seul corps, un seul peuple et un seul temple du Seigneur.

    Serviteur d'un Dieu qui est communion d'amour, chargé de conduire le peuple dans cette communion Trinitaire fondement de la communauté chrétienne, le ministère sacerdotal ne peut en conséquence être exercé hors de la communion avec l'évêque. Il est beau de voir comment le Concile parle en premier lieu du ministère des évêques du fait qu'ils ont reçu la plénitude du sacerdoce. Le Concile insiste beaucoup sur cette réalité de la communion entre les successeurs des apôtres. Le ministère épiscopal a une ampleur universelle, dit le Concile. Ce qui veut dire que tout évêque est d'abord pour l'Eglise universelle même si par l'exercice de son ministère il va se consacrer principalement à la portion du peuple de Dieu qui lui est confié au sein d'un diocèse. C'est que l'Eglise qui est à Avignon, à Paris ou à Bordeaux est pleinement Eglise, au sein de l'Eglise Universelle. Le ministère de l'évêque ne peut donc s'exercer que dans la communion hiérarchique avec tous les évêques, eux-mêmes étant en communion avec l'évêque de Rome qui est le premier d'entre eux. Le Pape quant à lui exerce son ministère de premier dans la communion de tout l'Ordre épiscopal. Aussi les prêtres, qui sont unis organiquement à l'évêque par le sacrement de l'Ordre, exercent leur ministère dans cette communion à leur évêque dont le Concile dit qu"ils tiennent la place" dans les charges qui leurs sont confiées.

   L'unique dignité sacerdotale de tous les baptisés, évêques et prêtres compris, est donc participée de deux manières différentes par les ministres et par les fidèles laïcs : "Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, bien qu'il y ait entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, dit le Concile, sont cependant ordonnés l'un à l'autre: l'un et l'autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l'unique sacerdoce du Christ(2)." (L.G. 10)

   Si l'on dit dans les textes de Vatican II qu'il y a, entre prêtres et laïcs, une différence, non seulement de degré, mais d'essence, c'est en vue du service et non en vue d'une supériorité quelconque. Les fidèles laïcs ne sont donc pas des ministres ordonnés et réciproquement en tant que ministre ordonnés les prêtres, devant toujours se souvenir qu'ils sont d'abord des baptisés, doivent raviver sans cesse en eux la grâce qui les différencie mais seulement pour le service le plus haut, qui est celui de la grâce sacerdotale de leurs frères et sœurs en Jésus Christ. Si donc ils sont mis à part de leurs frères pour ce ministère, ils n'en sont pas séparés ni dans la dignité, ni dans le but ultime.

 

3 / L'offrande de soi à l'exemple du Christ et dans le Christ

    De cette égale dignité des ministres ordonnés avec les laïcs par le baptême autant que de cette différence des uns par rapport aux autres par le sacrement de l'Ordre il découle une même exigence qui va se jouer dans l'offrande de chacun au Christ.

   Etre baptisé c'est être plongé dans la mort et la résurrection de Jésus Christ pour lui être conforme, c'est être rendu par le Christ participant de la vie même de la Trinité sainte. L'exigence de notre baptême est donc de nous offrir tout entier au Christ. C'est le mystère des épousailles. Il ne s'agit pas de vivre comme un fiancé dans le jardin du Château mais d'entrer dans le Château des noces et de faire de sa vie un je t'aime véritable ou tout est donné de soi, livré, sacrifié, vécu par le Christ, pour le Christ et dans le Christ. Le mystère de la sainteté et le mystère du martyre, c'est la même chose. Pour être rempli de l'amour du Bien aimé il faut se donner totalement à lui. "Ne gardez pour vous rien de vous afin que vous reçoive tout entier celui qui se donne à vous tout entier" dit saint François d'Assise à propos de tout baptisé participant à l'Eucharistie. "Pourquoi tant d'Eucharistie ne produisent elles pas plus de fruits?" demanda un jour Sainte Thérèse Couderc la fondatrice des sœurs du Cénacle. "Parce que mes enfants ne se donnent pas à moi dans l'Eucharistie"  lui répondit Jésus.

Encore en pèlerinage sur la terre, mettant nos pas dans la trace des siens, à travers la tribulation et la persécution, nous sommes associés à ses souffrances comme le corps à la tête, unis à sa passion pour être unis à sa gloire

   Voici ce que dit le Concile : "De ce corps le Christ est la tête. Il est l'image du Dieu invisible et en lui toutes choses ont été crées. Il est antérieur à tous et l'univers subsiste en lui. Il est la tête du corps qu'est l'Eglise. Il est Principe, premier-né d'entre les morts, afin d'exercer en tout la primauté (cf. 1, 15-18). Sa grande puissance lui donne domination sur les choses du ciel et celles de la terre et, par sa perfection et son action souveraine, il comble des richesses de sa gloire le corps tout entier (cf. Ep 1,18-23). Tous les membres doivent se conformer à lui jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux (cf. Ga 4,19). C'est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa résurrection, en attendant de l'être à son règne (cf. Ph 3,21 2Tm 2,11 Ep 2,6 Col 2,12 etc.). Encore en pèlerinage sur la terre, mettant nos pas dans la trace des siens, à travers la tribulation et la persécution, nous sommes associés à ses souffrances comme le corps à la tête, unis à sa passion pour être unis à sa gloire (cf. Rm 8,17)." (L.G. 7)

    Et plus loin dans le Décret sur la vie et le ministère des prêtres :

   "Participant pour leur part, à la fonction des apôtres, les prêtres reçoivent de Dieu la grâce qui les fait ministres du Christ Jésus auprès des nations, assurant le service sacré de l'Evangile, pour que les nations deviennent une offrande agréable, sanctifiée par l'Esprit Saint. En effet, l'annonce apostolique de l'Evangile convoque et rassemble le peuple de Dieu, afin que tous les membres de ce peuple étant sanctifiés par l'Esprit Saint, s'offrent eux mêmes en "victime vivante, sainte, agréable à Dieu" (Rm 12,1). Mais c'est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens en union avec le sacrifice du Christ, unique Médiateur, offert au nom de toute l'Eglise dans l'Eucharistie par les mains des prêtres, de manière non sanglante et sacramentelle, jusqu'à ce que vienne le Seigneur lui-même. C'est là qu'aboutit leur ministère, c'est là qu'il trouve son accomplissement : commençant par l'annonce de l'Evangile, il tire sa force et sa puissance du sacrifice du Christ et il aboutit à ce que "la cité rachetée tout entière, c'est-à-dire la société et l'assemblée des saints, soit offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre qui est allé jusqu'à s'offrir pour nous dans sa passion, pour faire de nous le Corps d'une si Grande Tête".  (P.O.2)

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    Ainsi fidèles laïcs et prêtres, parce que nous offrons notre vie à Jésus nous sommes établis par le Christ à travers le sacrement de l'Ordre et celui de l'Eucharistie en communion les uns avec les autres. L'Eglise est communion. Cette communion n'est pas le fruit de nos mérites ou de nos efforts personnels elle est d'abord et fondamentalement un don offert purement et gratuitement par le sacrifice de Jésus Christ, un don à vivre. Notre communion sera donc à la mesure du don de chacun de nous à Jésus dans l'Eucharistie par la grâce de notre baptême si nous sommes baptisés ou par la grâce du sacrement de l'Ordre si nous sommes ordonnés ministres. Cette communion avec Jésus Christ par le baptême et par le sacerdoce ministériel est l'exigence fondamentale de notre consécration à Jésus Christ.

Jésus s'est sacrifié pour nous établir dans la vérité et dans la communion les uns avec les autres. Et nous, nous ne serions pas prêts à nous sacrifier pour Jésus afin d'être en communion les uns avec les autres ? Jean Paul II dans sa lettre d'entrée dans le 3° Millénaire ose dire que si nous ne vivons pas une spiritualité de communion en Eglise nos efforts, si généreux soient-ils, n'aboutiront pas à grand-chose.

    Le texte de saint Paul, auquel le Concile fait ici référence, est celui des premiers versets du chapitre 12 de l'épître aux Romains. "Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu: c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre.  Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.

   Ces premiers versets introduisent toute une série de recommandation sur la vie en communauté chrétienne où nous sommes invités à mettre chacun nos talents et nos charismes les uns au service des autres. La clé de cette vie du serviteur chrétien, qu'il soit prêtre ou laïc, c'est l'offrande de soi à Jésus Christ et l'obéissance à l'Esprit Saint.

   Cela est bien exprimé dans le rituel de l'ordination sacerdotale. Le nouvel ordinand étant devenu prêtre s'agenouille devant l'évêque et reçoit pour la première fois le calice et la coupe du sacrifice eucharistique. "Recevez l'offrande du peuple saint pour la présenter à Dieu, lui dit l'évêque. Prenez conscience de ce que vous ferez. Vivez ce que vous accomplirez, et conformez-vous au mystère de la Croix du Christ."

   L'offrande du peuple saint que reçoit le prêtre pour l'Eucharistie c'est la vie de tout fidèle comprenant tous ses engagements du quotidien, que ce soit dans le mariage et l'éducation des enfants, dans le service de la cité, dans tout métier utile aux hommes, dans le travail économique, politique et social par lequel chaque baptisé imprègne la vie des hommes du sel de l'Evangile et l'oriente avec ses frères en humanité vers plus de justice et de paix dont l'accomplissement plénier adviendra quand le Christ reviendra établir toute chose de la terre dans la Transfiguration originelle.

  Il ne serait pas juste qu'à l'offrande des fidèles, remise entre ses mains du prêtre pour être uni à celle du Christ, le prêtre ne joigne pas l'offrande de lui-même afin d'être identifier au Christ Prêtre qui offre et qui s'offre pour la Gloire de Dieu et le salut du monde.


4 / Les trois charges fondamentales du prêtre

   "Conformez-vous à la croix du Christ" est il dit au prêtre… l'unité et la fécondité de la vie d'un prêtre viendra de la qualité de son don à Jésus Christ dans l'Eucharistie (cf. P.O. 14) et du don de lui-même dans l'exercice de toute sa charge pastorale.

P. Edgar

   Ainsi, par l'offrande d'eux-mêmes que les prêtres et les laïcs font chacun pour leur part dans l'Eucharistie, Jésus constitue son corps dans l'unité afin que le monde croie. La charité chrétienne est le cœur même de Jésus qui bat dans le cœur des chrétiens. Je me souviens avoir dit un jour à une femme chirurgien : "Mais quand vous opérez un patient, vous opérez avec les mains de Jésus." Cette prise de conscience a bouleversé sa vie m'a-t-elle avoué quelque temps plus tard. Le Christ rejoint ainsi mystérieusement tout homme au travers de chacun des membres de son corps.

   Un de mes amis fut prêtre ouvrier durant une étape de son ministère. Un camarade communiste le voyant arriver dans l'atelier lui fait promettre de ne jamais lui parler de Dieu. Le prêtre en prend l'engagement, mais ne rate pas son compagnon de travail quand celui-ci se permet quelque larcin dans le matériel de l'usine. "Lénine doit se retourner dans sa tombe", lui lance-t-il à la cantonade. Arrive le jour où le camarade communiste est condamné par un cancer. Aux premières visites du prêtre, promesse tenue, on ne parle pas de Dieu. L'heure fatale arrive et le prêtre n'a toujours pas prononcer le nom de Jésus. Fidélité à la parole donnée et fidélité à Jésus qui ne force jamais la porte des cœurs. Le prêtre fait sa dernière visite en tenant ferme son propos de silence sur le Christ, mais le cœur noué de ce que, prêtre, il ne puisse donner Dieu. Or voici que le camarade communiste lui dit tout d'un coup : "Tu peux me parler de Dieu parce que je l'ai vu vivre en toi…" Et le camarade de se confesser. Le prêtre en était tellement bouleversé qu'il promit sur ce fait de terminer son ministère au confessionnal à Lourdes. Ce qu'il fit.

   Un prêtre n'est jamais tant prêtre que lorsqu'il donne la vie de Jésus. Pour rejoindre l'homme pour qui cette vie est faite certains prêtres vont aux frontières de la mission dans un silence crucifiant. Mais de la croix du prêtre jaillit la vie de Dieu.

   Aux fidèles laïcs de demander la vie de Jésus à leurs prêtres ils les feront vivre. Car les fidèles, pour vivre le don plénier d'eux-mêmes au cœur de leur vie de laïcs, ont besoin que le prêtre se donne à plein dans son ministère selon les trois engagements de son ordination, si abondamment rappelé par le Concile Vatican II : l'enseignement, la sanctification et le gouvernement.

Annoncer l'Evangile et faire connaître l'enseignement de l'Eglise est la priorité de leur ministère. "La foi nait de ce que l'on entend", dit saint Paul. "Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile."

Célébrer les sacrements pour que tout dans la vie du chrétien soit imprégné de la bonne odeur du Christ.

Gouverner le peuple de Dieu avec discernement et sagesse pour que l'œuvre de l'Esprit Saint qui s'accomplit dans la vie des fidèles soient reconnue et authentifiée autant qu'encouragée et soutenue.

   Ainsi la communauté des baptisés pourvue de la présence du Christ Pasteur à travers la personne et le ministère des prêtres peut se renouveler sans cesse afin de vivre, en plein monde, sa vocation de témoin du Dieu Trois fois Saint manifesté en Jésus Christ. La Révélation du Mystère de la foi tant contestée par notre société moderne, et peut être inconsciemment jamais tant attendu aujourd'hui par ceux-là même qui l'avaient rejeté, pourra se frayer un chemin dans les cœurs afin qu'ils chantent le Dieu Vivant. Mais, on l'aura compris au vu de cette déjà longue histoire récente de contestation de l'Eglise et de la Révélation chrétienne, ce sera d'abord le fruit du témoignage des chrétiens qui donne à voir Dieu par leur communion. Témoignage d'un Dieu qui ne surplombe pas la vie des hommes dans une royale superbe, mais d'un Dieu Pauvre qui se donne jusqu'à avoir besoin d'être "sauvés de nous-mêmes", chrétiens pécheurs et ingrats que nous sommes. Dieu pauvre et ami des hommes qui se révèle en vérité à travers le visage de nos communautés parce qu'évêques, prêtres et laïcs vivent à plein le sacrifice d'eux-mêmes dans la communion au grand Sacrifié de toute l'histoire de l'humanité, Jésus de Nazareth.

   Jean-Paul II nous a donné la véritable interprétation du Concile Vatican II et nous en a montré le chemin. Le Pape Benoît XVI, alors cardinal Joseph Ratzinger, a tout résumé de cette vie de prêtre qui fut celle de Dom Karol Wojtyla lors de son homélie des obsèques du pape défunt. Ceci en reprenant chaque étape de cette vie sacerdotale à la lumière de cette Parole de Jésus à Pierre: "En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas." (Jn 21, 18)


Conclusion

 

   Il est grand le mystère de la foi. Il est grand le mystère du prêtre. Il est grand le mystère de notre vie chrétienne à tous prêtres et laïcs.

   Le voici Mystère du Christ, corps, âme et divinité, tout entier remis sur l'autel entre les mains fragiles du prêtre. Le voici Mystère du Christ dans la vie des baptisés, vie elle-même remise entre les mains du prêtre pour être offerte dans l'offrande du Seul et unique grand Prêtre Jésus Christ. Le voici Mystère du Christ offert pour le salut de tous les hommes par la communion de l'Eglise tout entière.

   Le voici Mystère du Christ à travers la personne de ses pauvres pécheurs en voie de sanctification que sont les prêtres, offerts à leur Seigneur, autant que leur faiblesse le leur permet.

   Mystère du Christ et de l'Eglise qui nous dépasse tous et nous traverse pour nous faire crier en Eglise vers Dieu tout au long de notre pèlerinage terrestre : "Seigneur prends pitié de nous et de nos péchés contre ton Eglise…" car selon l'expression de Jeanne d'Arc dans son procès : "Du Christ et de l'Eglise il me semble que c'est tout un."


1. Entretien avec Gwendoline Jarcyk, 1994

2. Cité par Th Rey-Mermet dans Croire, vivre la foi avec le Concile Vatican II, Droguet Ardant, 1979, p.125

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